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Des arts martiaux au Moyen-Age ?

Si les arts martiaux (de Mars, dieu de la guerre chez les romains), sont souvent associés aux formes orientales, il n'en reste pas moins que chaque culture à travers l'histoire a eu son propre style de combat et à ce titre, l'Europe de la période médiévale (et plus tard de la Renaissance) ne fait pas exception.

 

Chaque art martial grandit en fonction d'un contexte spatio-temporel particulier et les styles qui ont émergé en Europe à cette époque sont innombrables.

LAMHE des Mauges pratique la tradition italienne médiévale de l'arte d'armizare. Il s'agit là d'une tradition riche, vieille de plus de 600 ans, établie par Fiore dei Liberi, maître d'armes à la cour de Niccolo III d'Este.

 

Au début de la Renaissance, les cités italiennes en constante mutation étaient protégées par des «compagnies libres» de condottieri, des mercenaires engagés par les villes pour défendre et protéger leurs intérêts.

C’est pendant cette période que nous trouvons des professionnels issus de formations militaires et passés maîtres dans l'usage des armes appliqué au domaine de la défense personnelle.

 

Les manuscrits de Fiore dei Liberi, datant du début du XVe siècle (1409), sont les plus anciens textes connus sur la lignée italienne et sont les troisièmes plus anciens après le "Tower fechtbuch" (I.33) et le soi-disant "Döbringer" ( MS 3227a).

 

 

Les disciplines

Les disciplines présentées par Fiore dei Liberi peuvent être résumées par le titre du traité: « Flos Duellatorum in armis, sine armis, equester et pedester », ce qui peut être traduit par «Fleur de bataille en armure, sans armure, montée et à pied». C’est une présentation holistique du combat chevaleresque sous toutes ses formes abordant la lutte, la dague, l'épée maniée à une ou à deux mains, la lance, la hache noble ainsi que le combat équestre.

 

 

Le contexte

De tout temps, les arts martiaux ont été développés en réponse aux besoins culturels, et ces besoins se recoupent avec la technologie en usage à l'époque pour produire un art approprié au contexte dans lequel il sera utilisé.

 

La guerre, les troubles civils, les duels, le sport et le besoin politico-social de faire preuve de prouesse dans ces domaines font partie des contextes courants dans lesquels ils ont été utilisés. Comme le dit clairement Sigmund Ringeck, un maître allemand du XVème siècle: «Les princes et les seigneurs apprennent à survivre avec cet art, sérieusement et dans le jeu». D'autres maîtres et auteurs ont également écrit que l'utilisation de leur art s'inscrivait autant dans des contextes potentiellement mortels que sportifs.

 

En outre, il est désormais bien établi que la société européenne du Moyen-Age, de la Renaissance et de l'époque moderne a employé diverses formes d'agents assermentés afin de maintenir l'ordre public. Il va de soi que ces hommes, dans le cadre de leurs fonctions, ont eu besoin d'une expertise martiale évolutive qui pouvait être utilisée pour soumettre plutôt que pour tuer (tout en n'hésitant pas à aller jusque là si nécessaire).

 

Mais limiter le raisonnement à une simple logique du « tuer ou maîtriser » serait une erreur : les condottieri de l'Italie médiévale étaient des hommes d'affaires qui pratiquaient la guerre comme un commerce et utilisaient fréquemment peu de moyens pour mener leurs projets à bien, ceci afin de préserver au mieux les ressources (soldats) qui leur permettaient en premier lieu de faire de nouvelles affaires.