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L'armure: traditions et styles

I. Fin du XIVème siècle

L'Italie et l'Allemagne étant deux zones géographiques particulièrement réputées pour le savoir-faire de leurs maître d'armes (la quasi-totalité des manuels d'arts martiaux du Moyen-Age sont originaires de la péninsule italienne ou du Saint Empire romain germanique), il apparait normal que ces puissances aient été aussi influentes dans un autre domaine, moins connu, à savoir celui de l'armurerie et donc de son pendant: l'armure.

 

Origines

L'armure quasi-complète commence à faire son apparition en Italie du nord, et plus précisément en Lombardie, au XIVème siècle.

Pendant cette période de développement économique, c'est d’abord cette région qui fournira le matériel militaire à toute l'Europe occidentale.

Grâce aux réseaux commerciaux installés par les célèbres banquiers lombards, les armuriers italiens vont pouvoir se tailler la part du lion sur le marché de l'armure.

Beaucoup de modèles d’armures de cette période furent retrouvées au château de Churburg, à Luderno (plus précisément à Schluderns, Tyrol du sud, dans la province de Bolzano en Italie), où certaines sont toujours exposées actuellement.

 

 

Stade intermédiaire entre la protection intégralement en cottes de mailles et le harnois complet, c’est cette particularité qui a conduit à parler d’armure de type Churburg pour évoquer ces équipements. Il s’agit là de l’armure typique de la fin du XIVème siècle.

 

Le haubert, ici en cotte de mailles rivetée, est recouvert par un plastron en métal articulé en trois pièces sur un cuir très solide. Le bassinet à "bec de passereau", casque vraiment emblématique de l'époque, est complété en partie basse par un colletin en maille rivetée.

 

II. XVème siècle

L'armure milanaise

 

Durant le XVème siècle, quelques familles se partagent ce juteux marché.

La plus célèbre d'entre elle « les Missaglia » contrôle toute la chaîne de production, depuis l'extraction minière jusqu'à la livraison.

Des quartiers entiers de villes comme Milan, Brescia ou Mantoue sont dévolus à cette activité; tant et si bien que la ville de Milan devient la capitale de l'armurerie européenne et le style d’armures dites « milanaises » se répand.

En effet, les ateliers milanais fabriquent essentiellement des armures de combat réputées pour leur simplicité (aux formes lisses pour dévier les coups et en acier brillant, poli « à blanc ») commandées par toutes les cours de l'ouest de l'Europe.

 

L'armure gothique

 

Dans la seconde moitié du XVème siècle, c'est l'Allemagne du sud et l'Autriche qui se rendent maîtres du marché européen de l'armure avec des villes comme Innsbruck, Augsbourg ou Nuremberg. 

Le maniérisme allemand se développe et lie au fonctionnel de l’armure une notion d’esthétique. Ainsi, l’armure portée doit contribuer à l’humiliation du perdant en rendant le vainqueur du combat plus imposant.

A la différence des armures milanaises, les armures dites « gothiques » sont caractérisées par des lignes et arêtes plus travaillées (on parle d’armures « côtelées » en opposition aux armures « à blanc »).

 

L'armure française

 

En France, si les ducs de Bourgogne ont, dès 1400, incité les armuriers italiens à s'installer dans leurs grandes villes ( Bruges, Bruxelles, Lille, Dijon, Salin) et à former des artisans locaux, la France, empêtrée dans la guerre de Cent-Ans, a pris un sérieux retard.

 

C'est Charles VII qui, en conférant aux armuriers italiens et allemands des avantages sous la forme de statuts particuliers, créera le premier centre de production à Tours, afin de prendre le monopole sur un produit hautement stratégique.

 

Dans le style d’armure dite « française » qui en résulte à la fin du XVème siècle, on retrouve la combinaison du fonctionnalisme milanais et de l’esthétique gothique.

III. XVIème siècle

Au milieu du XVIème siècle, se développe le maniérisme français autour de l’École de Fontainebleau qui réalise une synthèse des inventions des artistes italiens, français et flamands.

 

L’iconographie et la stylistique homogène de cette école (la « manière française ») est caractérisée par des décors repoussés en très faible relief exécutés par des orfèvres, des dessins avec perspectives composés par des peintres comme Le Primatice, Jean Cousin l'Ancien, Rosso Fiorentino ou Luca Penni.

 

Les armuriers de cette école sont connus grâce aux archives du Minutier central des notaires parisiens mais étant donné qu’ils n'apposent pas leurs poinçons sur les armures, ces dernières ne peuvent être attribuées à tel ou tel artiste, contrairement aux armuriers italiens ou germaniques.

En résumé ...